Le piñatex, le cuir végétal en fibres d’ananas

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« Je cherchais une alternative au cuir. C’est le point de départ de ma réflexion. Comment produire de très beaux sacs à main sans utiliser de cuir ? »

S’inspirant de la culture textile aux Philippines, la créatrice Carmen Hijosa a mis au point un textile moins cher, aussi souple et résistant que le cuir animal à partir de l’ananas.

Pour créer le Piñatex, ce cuir végétal fabriqué à base de fibres d’ananas, la designer espagnole s’est inspirée du Barong Tagalog, un vêtement endossé par les hommes philippins lors de cérémonies. La créatrice y a vu un textile fin, robuste et innovant, une matière non tissée à base de longues fibres, tel un feutre.

Sac en cuir fait avec des légumes Piñatex

Le Piñatex : une alternative d’avenir

Le Piñatex est composé de fibres extraites de feuilles d’ananas sur les plantations de cultivateurs avant que ces derniers ne cueillent que le fruit et s’en débarrassent. Les feuilles récoltées sont transformées en matière textile à l’issue d’un traitement industriel. Tous les résidus de cette collecte servent ensuite d’engrais naturel.

Pour produire 1 m² de Piñatex il faut 480 feuilles, soit l’équivalent de 16 ananas !

chaussures en cuir faite avec des légumes Piñatex

5 ans de recherches et de développement au Royal College or Art de Londres auront été nécessaires à l’élaboration de ce nouveau matériau. Après avoir déposé la marque Piñatex, Carmen Hijosa a participé à la création de l’entreprise Ananas Anam qui a pour but d’exploiter et développer différents champs d’application pour ce nouveau textile.

Siège de voiture fait avec des légumes Piñatex en cuir

Le Piñatex supporte parfaitement la teinture, il peut également être imprimé ou traité afin de créer différentes textures (notamment celle du cuir animal). Différentes épaisseurs sont également possibles, selon l’usage envisagé pour le produit final.


Du cuir à base d'ananas !

Si le Piñatex constitue une alternative aux matériaux traditionnels (cuirs et produits textiles à base de pétroles) il est aussi social et éco-durable, grâce à une production qui minimise les impacts environnementaux. D’après sa créatrice, il ne nécessite pas d’extension de culture (comme c’est le cas avec la production de l’huile de Palme qui occasionne une déforestation dévastatrice) et favorise les cultivateurs. Enfin, dernier avantage, les déchets générés par sa production  représentent 5 % de la matière première contre 25 % pour le cuir.

Je chapeau fait avec des légumes Piñatex en cuir

Je fis avec sac à main en cuir végétal Piñatex

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Une nouveauté à implanter

Carmen Hirosa explique le positionnement de son produit  « Il y a un fossé sur le marché entre les textiles produits à base de pétrole et le cuir, (…) c’est précisément ce fossé que les produits à base de Piñatex tentent de combler ». D’après The Guardian, le Pinatex coute 23 euros du mètre carrés, contre 25 à 38 euros pour du cuir traditionnel.

Il est cependant important de noter l’évolution de l’objectif initial de la créatrice qui était de simplement chercher une alternative au cuir. Carmen Hijosa voulait alors un nouveau produit qui ressemble à celui qu’il allait remplacer, désormais, elle souhaite que son  produit commence à être comparé à lui-même.

Après une dizaine d’années de recherche et développement, ont été mis au point des chaussures, des sacs, des sièges auto, des poufs, des chapeaux et des accessoires pour téléphone en fibres de feuilles d’ananas.  Cette collection originale a été présentée au grand public le 12 décembre dernier au sein du Royal College of Art de Londres. Certains acteurs de l’industrie ont été enthousiastes à l’idée d’expérimenter ce nouveau textile,  des modèles de chaussures en Pinatex ont été produits en partenariat avec les marques Camper et Puma, le designer Ally Capellino a également produit des sacs à main à base de ce matériau.

Carmen  Hirosa précise : « Il y a de plus en plus de marques qui cherchent des nouveaux textiles durables, et c’est véritablement là que réside notre positionnement. C’est difficile, il faut être performant, et cela prendra du temps, car pour le moment, ils produisent les premiers prototypes, cela peut plaire ou non. Ce ne sont ni des Converses à la mode, ni des produits en cuir, le marché doit donc s’y préparer. »

Si les accessoires de la marque Piñatex sont encore des prototypes, Carmen Hijosa espère vendre son textile au mètre dès 2018. Les plans d’avenir prévoient d’autres utilisations possibles pour le Piñatex. Il pourrait par exemple être utilisé dans la fabrication de pansements antibactériens car favorable à la circulation de l’air sur les plaies. Grâce à ces mêmes propriétés, il pourrait également être employé dans l’isolation de bâtiments.







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