Consommation : alerte aux nanoparticules dans nos assiettes

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Quatre produits de marques courantes ont été analysés. Tous contiennent des nanomatériaux dont la présence n’est pas mentionnée contrairement à ce qu’impose la réglementation européenne.

Elles sont infiniment petites et s’infiltrent partout dans notre quotidien. Les nanoparticules (lire encadré ci-dessous) sont présentes dans les cosmétiques (dentifrice, crème solaire), l’électronique ou encore les textiles. Et vont jusqu’à se nicher… dans nos assiettes et ce à notre insu ! C’est ce que révèle l’association Agir pour l’Environnement (APE) dans une enquête publiée ce mercredi.

« Nous nous en doutions, lance Magalie Ringoot, porte-parole de l’ONG. Nous avons désormais la preuve irréfutable que les nanoparticules sont partout, y compris dans des produits alimentaires avec une image de qualité. » L’association a fait analyser quatre produits de consommation courante : des gâteaux Napolitains de la marque LU, des chewing-gums Malabar, une conserve de blanquette de veau William-Saurin ainsi qu’un mélange d’épices pour guacamole Carrefour. Résultat ? Tous contiennent des nanomatériaux aux noms barbares de dioxyde de titane (E171) et de dioxyde de silicium (E551), des adjuvants utilisés pour blanchir les produits ou les rendre plus brillants dans le cas du premier et pour absorber l’humidité dans les poudres ou le sucre dans le cas du second.

Des effets méconnus sur la santé

Si les nanoparticules sont présentes dans de nombreux produits de la vie courante, les risques qu’elles peuvent présenter pour la santé et l’environnement sont encore mal connus. Plusieurs études montrent que, du fait de leur taille microscopique (10 000 fois plus petit qu’un grain de sel), elles peuvent franchir les barrières physiologiques, interférer sur le système immunitaire, pénétrer dans les vaisseaux sanguins et divers organes comme les poumons.

Dans un état des lieux publié en avril 2014, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) mettait en garde contre la toxicité pour l’homme de certains de ces nanomatériaux. Elle incitait à « mettre en place un encadrement réglementaire européen renforcé » et à « peser l’utilité » de leur mise sur le marché. « L’intérêt des nanoparticules dans l’alimentation est loin d’être avéré. Elles font courir des risques inutiles au consommateur », commente Magalie Ringoot.






Des consommateurs mal informés

Si on retrouve des traces de « nano » dans les produits alimentaires, en revanche, aucune information n’est mentionnée sur l’étiquette. Or, et c’est bien ce que dénonce Agir pour l’Environnement, la réglementation européenne exige la mention « nano » sur les produits qui en contiennent. L’association demande donc le rappel des produits incriminés et incite le gouvernement à mettre en place un moratoire sur les nanoparticules dans les biens de consommation, en particulier dans l’alimentation.

Si la France impose d’ores et déjà aux entreprises de déclarer aux pouvoirs publics les nanoparticules qu’elles importent et fabriquent pour en assurer la traçabilité, il reste encore un long chemin à parcourir. « L’Europe est en retard, fait remarquer la sénatrice écologiste de Seine-Saint-Denis Aline Archimbaud. Il existe un grand écart entre le budget alloué pour développer les nanotechnologies et le budget réservé à la prévention et à l’évaluation des risques potentiels. »

Le mot : nanoparticule

Les nanoparticules sont des substances chimiques avec des formes nanométriques, donc de taille infiniment petite « de l’ordre des bactéries », explique Dominique Gombert, directeur de l’évaluation des risques à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). Toute matière peut être nanométrique. Lorsqu’elle présente ce format très fin, la matière offre de nouvelles propriétés d’où une utilisation massive dans les nouvelles technologies. « De nouvelles caractéristiques qui présentent également des dangers différents, précise Dominique Gombert. Comme elles sont très petites, ces substances peuvent pénétrer dans l’organisme. »





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