Quand le cœur fait des faux bonds !

Temps de lecture : 3 minutes

Imprimer





Notre myocarde n’est pas une horloge suisse, il a le droit de commettre quelques irrégularités sans qu’on soit au bord de l’infarctus. Souvent bénignes, les palpitations et extrasystoles ont le don d’angoisser.

Isabelle a l’impression que son cœur trébuche sur un coup et repart à contretemps, celui de Patricia «vrille», quelques secondes, comme s’il ne se rattrapait pas. Des sensations qui font flipper ces deux femmes, la petite quarantaine, qui ont déjà atterri aux urgences, persuadées de friser l’attaque cardiaque.

«Les consultations pour des plaintes de palpitations sont en légère augmentation chez les moins de 50 ans, constate François Mach, professeur responsable du service de cardiologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Un phénomène parfois lié, selon lui, à la consommation de «toxiques» comme le cannabis ou d’excitants moins illégaux mais pris en trop grande quantité, tels que ceux que l’on trouve dans les boissons énergisantes ou simplement le café et le thé.

Palpitations, le terme englobe un ensemble de symptômes désagréables perçus par une personne lorsque son cœur bat trop vite, trop lentement ou de manière irrégulière. Les ratés du cœur, extrasystoles en langage médical, sont des coups supplémentaires très rapprochés que le cœur fait entre deux battements, suivis d’une pause. Ils sont bénins dans 90% des cas, chez des personnes saines, relève François Mach. On en a tous, mais certains ne les sentent pas. On parle plus particulièrement d’arythmie quand ces extrasystoles se répètent sur plusieurs secondes voire plusieurs minutes. Là encore, ça ne signifie pas que ce soit grave, même si le spécialiste cherchera à exclure d’autres problèmes pour l’affirmer.

«Une personne peut avoir 50 000 extrasystoles par jour, soit un battement sur deux, et ne rien risquer du tout tandis que chez d’autres (avec une atteinte cardiaque sous-jacente le plus souvent, comme un infarctus), les extrasystoles peuvent être liées à un mauvais pronostic», complète Etienne Delacrétaz, professeur et spécialiste en cardiologie à la clinique Cecil. «Il faut donc, au départ, savoir si elles se manifestent sur un cœur normal, après examen chez le médecin, électrocardiogramme, échographie cardiaque et éventuellement d’autres tests.»

«Si elles surviennent de plus en plus fréquemment ou qu’elles durent de plus en plus longtemps, ça vaut la peine d’effectuer un monitoring, totalement indolore, non invasif et banal», ajoute François Mach. On pose sur la poitrine un petit appareil qui enregistre l’activité du cœur durant vingt-quatre heures (Holter) ou une semaine (R-Test). Histoire d’attraper ces ratés et de voir desquels il s’agit. Les extrasystoles supra-ventriculaires, donc provenant des oreillettes du cœur, sont toujours bénignes, explique François Mach. Si elles viennent des ventricules, gauche ou droit, c’est plus ennuyeux. «Jusqu’à 5 à 10 par heure, c’est encore considéré comme normal. Au-delà, tous les 3-4 battements, c’est-à-dire des milliers par jour, le risque c’est qu’elles soient doubles, triples ou qu’elles aboutissent à de la tachycardie ventriculaire. Il faut alors, et c’est possible, la traiter.» Avec des médicaments ou une technique qui consiste à entrer un petit cathéter dans le cœur, reproduire la tachycardie et la brûler. Elle ne reviendra plus.

Thé, café, tabac et alcool favorisent les extrasystoles

Dans le cas d’extrasystoles bénignes, s’il n’y a aucun souci à avoir, il n’y a pas grand-chose à faire non plus. Si ce n’est vivre avec et diminuer sa consommation de thé, de café, de cigarettes ou d’alcool qui favorisent leur survenue. Tout comme le manque de sommeil. Souvent, les extrasystoles bénignes disparaissent d’elles-mêmes, aussi soudainement qu’elles sont arrivées.

Toutefois, nombreux sont les patients qui restent inquiets même quand le médecin les a rassurés. Pour preuve, les échanges sur des forums internet liés à la santé. La prise de magnésium peut aider, voire de bêtabloquants (attention aux effets secondaires des bêtabloquants) qui diminuent la survenue et la durée des ratés. L’activité physique apporte aussi son bénéfice. Une demi-heure de marche rapide (il faut transpirer), trois fois par semaine, suffit à abaisser le rythme cardiaque général, remontant aussi par-là le seuil d’apparition de ces angoissants ratés.

Source